Colloque international« Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » : Patrimoine, Territoires, Historicité »

LES RELIQUES DE SAINT FLEURET AU COLLOQUE INTERNATIONAL DE TOULOUSE

Les responsables  scientifiques du Colloque international « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » : Patrimoine, Territoires, Historicité » avait retenu en début d’année la proposition de communication de trois ambassadeurs de saint Fleuret et de la section de sentier Saint Côme d’Olt – Estaing.

Ce colloque scientifique visait, en termes simples, à interroger le développement soutenu de la fréquentation globale des chemins de Saint de Compostelle et des recherches et études qui en renforcent la reconnaissance internationale.  A analyser les enjeux : ce que peuvent y gagner ou y perdre les accueillis, les accueillants et les autres acteurs. Des  chercheurs de nombreuses nationalités et de toutes les disciplines qui se croisent sur la diversité des motivations des marcheurs et des réponses mises en œuvre dans les territoires traversés ont planché pendant plusieurs jours sans oublier la question du sens de cette pérégrination.

6 Pays représentés : Belgique, Espagne, France, Israël, Canada, République Tchèque
59 interventions et communications dont 3 aveyronnaises

• Table ronde «De la construction des savoirs à la gouvernance des biens : Simone Anglade et David Minerva …
• La mise en œuvre du chemin en Margeride et en Aubrac dans les années 1970, puis jusqu’à Santiago : Louis Causse
• Comment une recherche de terrain initiée localement et régionalement épaulée contribue à la construction contemporaine du phénomène jacquaire : Yves Palobart, Jean Pradalier, Bernard Scheuer.

27 posters dont 5 sujets aveyronnais

• Restauration du pont romain de Conques : Laurent Carrière
• Restauration du pont d’Estaing et la statue de l’évêque : Laurent Carrière
• Accueillis et accueillants, construire des ponts : Laurence Fric
• Un travail exemplaire d’aménagement sur les chemins de Saint-Jacques : David Minerva
• Chemins faisant, connaître et faire connaître, une histoire de ponts : Aline Pelletier et Océane  Moisset

Rattachement institutionnel des intervenants aveyronnais cités : Conseil départemental de l’Aveyron, Musées de l’Aveyron, mairie d’Estaing, mairie de Saint Côme d’Olt

Yves Palobart historien du patrimoine Estagnol[1], Jean Pradalier maire d’Estaing et Bernard Scheuer maire de Saint Côme d’Olt ont présenté « Comment une recherche de terrain, initiée localement et régionalement épaulée, contribue à la construction contemporaine du Phénomène jacquaire » dans l’atelier Historicité lors de la séance dédiée aux Réalités et imaginaire du pèlerinage contemporain, à Toulouse le 26 octobre.

L’historien local a présenté la réalisation du projet d’approfondissement et de diffusion des connaissances du patrimoine d’Estaing qu’il a coordonné pendant 5 ans. Il l’avait discrètement initié en 2012 et proposé avec succès au service régional de l’inventaire de la région Midi-Pyrénées en 2013 relayée  en 2016 par la nouvelle région Occitanie. A partir d’une illustration de chaque année de travail (2013 à 2015), il a commenté les principales actions réalisées et la diffusion des nouvelles connaissances qui s’en suivaient. Cette « belle aventure humaine » a mobilisé une trentaine de personnes aux profils aussi différents que complémentaires : d’Estagnols  bénévoles aux chercheurs de différentes disciplines, techniciens, historiens médiévistes en collaboration avec 6 partenaires.  La bienveillance de nombreux facilitateurs et le soutien de 6 financeurs ont ainsi supporté 7 manifestations et 8 productions culturelles.

Ces études patrimoniales, historiques et scientifiques ont abouti, entre autres résultats, à confirmer la présence dans l’église d’Estaing de reliquaires contenant les ossements quasiment complets du seul et même corps d’un homme de plus de 50 ans, mort entre 431 et 558, soit à la charnière de l’antiquité et du haut Moyen-Age. La datation radiocarbone et l’étude biologique des ossements par une anthropologue de l’INRAP ainsi que les compatibilités historiques constatées permettent d’envisager qu’il s’agit bien des restes de saint Fleuret conservés hors sédiment.

L’ensemble de ces travaux participent à la construction contemporaine du phénomène jacquaire en autorisant :
–  le nouveau récit d’une dévotion ancienne qui prolonge ainsi la longue tradition des récits jacquaires qui ont toujours soutenu la vie du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle,
–  la confirmation de l’étape d’Estaing et la singularité de l’église saint Fleuret – saint Amans car dans la démarche et la tradition jacquaire, les reliques d’un corps entier conféraient une « double sacralité »  au sanctuaire qui les abritait[2]
–  le signalement de l’intérêt patrimonial de la procession de la Saint Fleuret comme une manifestation cultuelle à pérenniser.

Jean Pradalier, maire d’Estaing remerciait  les contributeurs, partenaires et financeurs qui ont permis la réalisation d’un tel Projet. IL soulignait le chemin parcouru dans la reconnaissance du patrimoine immatériel Estagnol et celui qui reste à parcourir pour  mobiliser l’ensemble des acteurs locaux sur les enjeux bien réels qu’offre le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle et  l’itinérance jacquaire qu’il a initié. Il soulignait l’importance de relayer le souffle du 20e anniversaire de l’inscription au patrimoine mondial.  IL énonçait enfin les premiers effets de ces travaux de recherches : inscription de la châsse de st fleuret au titre des mobiliers historiques, les aides pour mieux signaler et présenter les reliques aux pèlerins.

Bernard Scheuer, maire de Saint Côme d’Olt exprimait la réflexion commune qu’il partage avec le maire d’Estaing depuis plus d’un an sur la valorisation du patrimoine jacquaire qui est aussi une  opportunité d’accès  au patrimoine de proximité tout au long du chemin. Il soulignait la réelle coopération de Nasbinals à Estaing qui a animée le 20e anniversaire et les partenariats avec le PNR Aubrac et les Offices de Tourisme concernés. Il évoquait enfin l’ambition partagée pour faire de la section de sentier St Côme d’Olt – Estaing un ensemble remarquable autour de ses Valeurs Universelles Exceptionnelles[3] et de ses 18 monuments historiques sur son parcours de 17 km de magnifiques paysages.

Les actes de ce colloque devraient être publiés courant 2019.

[1] [1] François Annat (1590-1670), Bulletin du Cercle Généalogique du Rouergue, n° 58, 2006 – L’homme des lumières secrètes, éditions de l’aburadou,  2010 – Le père Jésuite François Annat, un destin à la discrétion des Aveyronnais, Etudes Aveyronnaises, recueil des travaux de la société des lettres sciences et arts de l’Aveyron, 2008  –  Coauteur de Saint Fleuret d’Estaing de la « légende » à l’Histoire, Sauvegarde du Rouergue, n°123-124 – coauteur d’Estaing, Ruralité rouergate et Histoire de France, Focus Patrimoine, 2017.

[2] Mille fois à Compostelle, Adeline Rucquoi, Les Belles Lettres, 2014, p272. A. Rucquoi est Docteur d’Etat en histoire de l’université de Paris IV Sorbonne, membre du Conseil Scientifique des chemins de saint Jacques de Compostelle en France, membre du comité international des experts du chemin de st Jacques auprès du gouvernement de Galice, co-directeur de la chaire « Camino de Santiago e as Peregrinacions »…
Le « corps entier » d’un saint scientifiquement étudié, daté et historiquement argumenté, constitue à ce jour une « trace » pour le moins remarquable si ce n’est exceptionnelle sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.

[3] Le pont vieux d’Espalion et le pont d’Estaing sur le Lot et la section de sentier Saint Côme d’Olt – Estaing sont inscrits depuis 1998 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO au titre de composantes du bien en série des Chemins de Saint-Jacques –de-Compostelle en France.