100ème anniversaire de l’armistice
Un hommage pour le 100ème anniversaire
La cérémonie s’est déroulée dimanche 11 novembre 2018 à 17h en présence de Monsieur le Maire et le conseil municipal, Monsieur Anglars Jean-Claude conseiller départemental, les pompiers d’Estaing, la gendarmerie d’Espalion, la directrice de l’école, l’écho de la vallée.
Monsieur le Maire a donné lecture du message du Président de la République et a nommé les morts pour la France en 2018.
Pour le centième anniversaire de l’armistice, Monsieur le Maire a terminé la cérémonie par la lecture d’une lettre envoyée le 11 septembre 1916 à Monsieur Durieu d’Estaing concernant les circonstance du décès de son fils Marcel tombé au champ d’honneur à Vermandovillers (Somme) le 7 septembre 1916 à l’âge de 21 ans.
« J’ai déjà écrit à Monsieur le Curé d’Estaing pour qu’il vous fasse connaître le grand malheur qui vient de vous frapper.
J’ai cru en agissant ainsi vous rendre la nouvelle moins douloureuse d’autant plus qu’au moment où je l’ai transmise j’étais incapable d’employer la délicatesse et les ménagements d’usage en pareille circonstance. Maintenant, nous voilà éloignés pour quelques jours du champ de bataille et je profite de mes premiers loisirs pour vous transmettre d’autres détails et reste à votre disposition pour tous les renseignements que vous pourrez désirer dans la suite. […]
Sans entreprendre son éloge, il me sera permis de dire que son courage et son mépris du danger étaient parfaits et même dépassaient quelquefois les limites de la prudence.
Nous étions partis pour les avant-poste le 22 août et depuis cette date aucune souffrance, aucun danger ne devait nous être épargné ; bombardements effroyables, pluies diluviennes qui nous avaient mués en paquets de boue, insuffisance du ravitaillement. Le 4 septembre à 2 heures notre régiment se lançait à l’attaque. Le bataillon étant en réserve nous n’avons pas eu de pertes, mais le 6 septembre notre tour arrivait de prendre part au feu et dans la soirée nous nous massions dans une tranchée, prêts à partir. Au signal donné votre fils bondit par-dessus la tranchée et d’un geste magnifique entraina sa section qui partit dans un élan parfait.
Le lendemain on tentait la fortune sur un autre point sans plus de succès.[…]
Dans la soirée vers les 3 heures, votre fils était occupé à observer un fortin ennemi d’où partaient les coupes et il examinait en même temps les travaux de défense qu’on effectuait, quand tout à coup une balle le frappe à la tête. Il pousse un cri et tombe à la renverse. Sa mort n’a pas été instantanée mais après ce coup foudroyant il restait si peu de vie qu’il s’est éteint insensiblement et sans douleur. Quel coup terrible pour nous. Peu après on enlevait son corps pour le déposer un peu en arrière dans un trou d’obus qui devait lui servir de sépulture ; on fait au plus vite lorsque le nombre de victimes est trop élevé. […]
Le 9 on le transportait à l’arrière. Il reposera donc dans un petit cimetière de soldats tout près de Lihons dans le sec ou nous avons combattu pendant deux mois et que notre cher aspirant a arrosé de son sang.
C’est la fin la plus noble qu’un soldat puisse rêver et une belle citation consacre son héroïque sacrifice. Mais quelle perte, quel deuil, quelle douleur pour tous les siens.[…]
C’est dans cette pensée que j’écris cette lettre. J’ai voulu faire vite malgré l’accablement qui me touche après ces rudes journées. Ce sera ma meilleure excuse.
Veuillez mon cher Monsieur Durieu, agréer l’hommage de mes sentiments bien respectueux et de mes plus sincères condoléances.
E.GROS caporal au 330ème 13ème Cie SP175. «
Horaires
Dimanche 11 novembre 2018 à 17h
Adresse
Estaing / Occitanie / France